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Brief von Prof. Dr. L. Heller (Lausanne) an den
Rektor
Monsieur le Recteur, cher Collègue,
Permettez-moi d'exprimer mon étonnement face à
la décision que l'Université de Bâle s'apprête
à prendre et qui concerne la fermeture de son Séminaire
slave.
Je vois mal comment les raisons d'économie — car j'ai pu
comprendre que c'est ainsi que la décision devrait se justifier
—, puissent conduire à aménuiser le potentiel académique,
une des plus grandes sources de richesse dans le monde actuel et surtout
dans celui à venir. Et je n'entends pas uniquement la richesse
intellectuelle ou spirituelle. Apparemment, celle-ci vaut peu face aux
contraintes budgétaires.
Je pense à la richesse très concrète qui peut être
produite grâce à la connaissance des langues et cultures
slaves, à ce savoir essentiel pour qui veut bien se positionner
dans l'Europe d'aujourd'hui. Car il est faux de croire que la connaissance
des celles-ci est inutile, qu'elle reste éternellement à
l'état de l'énergie potentielle, incapable de fournir un
travail. Sans parler d'échanges traditionnels — commerciaux,
politiques, juridiques, etc. — avec la Russie, l'Ukraine et d'autres
pays slaves, qui se multiplieront inévitablement, peut-on oublier
l'ouverture de l'Europe qui aura lieu dans quelques mois déjà?
Même lorsqu'ils ne sont pas slaves, les Etats qui arrivent disposent
de larges populations slavophones (tels les Russes baltes). Il est naïf
de penser que leurs universitaires, étudiants comme enseignants,
resteront tous chez eux; vouloir leur fermer les portes relève
d'une myopie politique caractérisée. La Suisse devrait penser
à faire le contraire: créer et stabiliser des structures
d'accueil à tous les niveaux afin de profiter pleinement de cette
nouvelle dynamique. Chaque disparition d'un séminaire slave, cadre
idéal pour un tel accueil, réduit un peu plus les promesses
de l'avenir.
Leonid Heller
Professeur à la section slave de l'Université de Lausanne
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